De Grandes Enseignes Commerciales à l'Assaut du Marché Camerounais

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En l’espace de trois ans, leur nombre s’est considérablement multiplié ; Carrefour, Casino, Super U, Spar, Domino, Bao… Avec des investissements chiffrés en milliards de Fcfa, elles ont opéré une percée fulgurante dans le secteur de la grande distribution au Cameroun. Ces Enseignes pour la plupart françaises sont spécialisées dans la distribution des produits alimentaires et pour certains dans l’équipement domestique, fournitures et autres accessoires.

Installées dans les grandes métropoles, ces commerces se livrent une compétition féroce avec les enseignes locales (Dovv, Santa Lucia, Fokou, Sesame, Kado, etc.). Celle-ci se manifeste à travers les politiques de prix, les modes de paiement et diverses facilités accordées aux clients pour se démarquer.

L’une des principales stratégies observées est celle de la proximité. Elle consiste à opter pour un rapprochement des clients avec l’ouverture de supermarchés dans les quartiers. Ces points de vente, parfois disponibles 24h/24h ou à fermeture tardive, permettent la concentration des efforts sur la portion de la population ayant un niveau de revenus moyens. Des offres bien pensées et un matraquage publicitaire systématique contribuent à susciter et à entretenir l’intérêt du public cible.

Cependant, au-delà des efforts de séduction, la question du pouvoir d’achat des populations camerounaises demeure problématique. Faute de moyens, une grande majorité des Camerounais préfèrent effectuer ses emplettes dans de petits commerces ou les marchés près de chez eux où les prix sont jugés plus abordables.

La culture du supermarché n’est pas la chose la mieux partagée, encore plus dans les zones reculées. Ceci expliquerait le choix des grandes métropoles comme lieu d’implantation prioritaire de ces enseignes : Douala, Yaoundé principalement. La présence d’une classe moyenne avec un pouvoir d’achat plus conséquent en serait la justification.

L’implantation des hypermarchés ou grandes surfaces, vient mettre au goût du jour l’importance des approvisionnements, la logistique et la nécessité du développement des centrales d’achats, ce qui aura pour effet de favoriser le business local avec une incidence sur l’agriculture, l’élevage et la chaîne de froid. Par ailleurs, cet essor de la grande distribution s’accompagne d’une exigence de transformation des produits. Un secteur dans lesquels les petites et moyennes entreprises (PME) camerounaises et les acteurs locaux pourraient tirer leur épingle du jeu. C’est également des niches d’emplois jeunes à ne pas négliger.

Les grandes surfaces représentent une opportunité de percée offensive pour les produits et marques locales en quête de visibilité. Cependant, les producteurs locaux dénoncent l’ultra domination des produits importés et une menace pour le commerce en détail assuré par les nationaux. En Afrique, le commerce moderne, c’est-à-dire la grande distribution représente déjà 20 à 30% des opérations. Supermarchés, hypermarchés, centres commerciaux, tous les segments progressent de façon régulière. Les grandes enseignes sont continuellement à la recherche de la meilleure façon d’adapter l’offre commerciale aux goûts et aux habitudes des consommateurs urbains sur le continent.

Aujourd’hui, avec la mondialisation, le pouvoir d’achat qui augmente, le consommateur africain veut des magasins agréables, près de chez lui, une offre de produits diversifiés, des prix abordables et de l’assortiment maitrisé. Le commerce moderne répond bien à ces attentes. Face aux grandes surfaces étrangères, les enseignes locales doivent faire preuve d’imagination pour réussir et s’octroyer une part importante de ce gâteau.
S’il est vrai que le potentiel de pénétration est encore important dans la mesure où les achats dans les supermarchés ne dépassent pas 10 % des transactions totales en Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud), on ne peut s’empêcher de se poser la question à savoir : à cette allure, que deviendront les petites boutiques de quartier, nos chers “assos”, “maguidas” ?

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